[b][u]Nice-Lyon : récit d'une suite de "négligences"[/u]
Un groupe de jeunes éméchés avait été raccompagné le matin du Nouvel An par les forces de l'ordre dans le train Nice-Lyon. Un train à bord duquel une vingtaine de jeunes ont semé la terreur parmi les 600 passagers. La SNCF a déposé deux plaintes. [/b]
Pour la préfecture des Alpes-Maritimes, il y a eu des "négligences de plusieurs partenaires" dans la gestion de l'affaire du train régional Nice-Lyon où des jeunes gens ont semé la panique, le dimanche 1er janvier, parmi les passagers. Les témoignages s'accumulent, les versions s'affinent.
"Faire un carnage"
La veille des faits (samedi 31, NDLR.) de jeunes Marseillais avaient déjà causé des incidents dans un train régional en direction de Nice. Un témoin interrogé par l'AFP raconte : "Avec des amis, on a pris le train aux Arcs pour aller à Nice. Dès trois heures et demie (15H30, ndlr), des Marseillais nous ont agressés. (...) Ils nous ont dit qu'ils allaient à Nice. On a essayé de réagir mais ils nous ont dit qu'ils étaient 47", a raconté Habib, 17 ans, habitant à Draguignan. "Ils ne cessaient de dire qu'ils allaient (...) faire un carnage dans le train, pour le Nouvel An", a-t-il poursuivi. A leur arrivée en gare de Nice, 22 jeunes sont interpellés et placés en garde à vue. Ils seront relâchés après les faits du Nice-Lyon.
Le matin du Nouvel An, toujours à Nice, un groupe d'une centaine de jeunes éméchés, venus samedi par un train en provenance de Marseille, avait été raccompagné à la gare par les forces de l'ordre et mis dans le train Nice-Lyon. C'est ce qu'a raconté à l'AFP le commissaire divisionnaire Georges Gasperini, chef d'état-major de la direction départementale de la sûreté publique des Alpes-Maritimes. Le ministère de l'Intérieur précise : "une trentaine de policiers et gendarmes assurent sur les quais et assistent à l'embarquement des voyageurs sans qu'aucune demande d'assistance particulières" n'ait été formulée.
C'est à bord de ce train qu'au moins une vingtaine de jeunes gens ont écumé la rame entre Saint-Raphaël et la gare des Arcs-Draguignan (Var), semant la terreur parmi les 600 passagers, dont certains ont été violentés et rançonnés, tandis qu'une jeune fille a été victime de violences sexuelles.
Surveillance renforcée
La SNCF a déposé deux plaintes pour "dégradation de matériel" et pour "l'ensemble des événements à bord". Et la compagnie de donner sa version des faits. Selon elle, le train express régional 17430, composé de 10 voitures, a quitté Nice dimanche à 06H00, avec 600 passagers, avec une surveillance renforcée -quatre agents de la police ferroviaire avec un chien- jusqu'à Saint-Raphaël.
Suite aux violences entre Saint-Raphaël et les Arcs, la SNCF demande l'intervention des forces de l'ordre. Trois gendarmes des Arcs interviennent. Trois jeunes gens dont un mineur, sont interpellés. Les deux prévenus de nationalité marocaine, placés en détention provisoire, devront répondre de vols en réunion et, en plus pour l'un des deux, d'atteinte sexuelle en réunion. L'un des deux serait en situation irrégulière sur le territoire, selon le parquet qui procédait à des vérifications. Ils seront jugés le 6 mars. Le mineur comparaîtra séparément.
Des violences "totalement inacceptables"
Quinze gendarmes ont ensuite accompagné le train entre les Arcs et Toulon. Aucun incident notable ne s'étant produit sur ce trajet, une équipe de la surveillance générale de la SNCF a pris le relais, précise la compagnie ferroviaire. Juste avant Marseille, des "individus voulant échapper aux forces de police" ont tiré le signal d'alarme et certains ont pu s'échapper. Trois jeunes seront interpellés à Marseille à l'arrivée du train régional "pour infraction à la législation sur les stupéfiants et ports d'armes (un couteau et un tournevis)", précise l'Intérieur.
Jacques Chirac a qualifié mercredi ces violences de "totalement inacceptables" et a affirmé que "les coupable seront recherchés et punis comme il se doit". Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a lui regretté le manque de communication de la SNCF avec les forces de l'ordre. Il a reçu le président de la SNCF Louis Gallois vers 18h30 et doit s'exprimer ce soir au 20h de TF1.
La CGT de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur a déploré mercredi que ses demandes de renfort des effectifs de la police ferroviaire sur certains trains réputés "sensibles", en circulation la nuit du Nouvel an, n'aient pas été entendues. Pour le ministère de l'Intérieur, "le dispositif mis en place pour sécuriser les transports dans cette région pendant la période des fêtes était étoffé, réactif et en rapport avec le grand nombre de trains et de passagers en transit".
Source LCI