[b][u]L'enseignante poignardée témoigne[/u]
Source LCI: L'enseignante poignardée en plein cours en décembre à Etampes dénonce "l'omerta" de sa hiérarchie, mercredi dans plusieurs quotidiens. Elle affirme avoir contacté à plusieurs reprises ses supérieurs pour expliquer ses difficultés avec ses élèves. En vain. [/b]
"Dès le 16 septembre, j'ai connu la plus grosse angoisse de ma vie d'enseignante, dans une classe très oppressante", se rappelle Karen Montet-Toutain, l'enseignante de 27 ans poignardée en plein cours en décembre au lycée Louis-Blériot d'Etampes. Dans un entretien avec plusieurs journalistes dont ceux de Libération et du Parisien, la jeune femme décrit comment, à partir de ce moment, le climat n'a cessé de se dégrader jusqu'au jour du drame, le 16 décembre.
Elle assure pourtant avoir informé à plusieurs reprises sa hiérarchie. En septembre, la proviseure lui conseille de mener un projet, de "relooker une salle" avec ses classes difficiles. "Après la journée du 16 septembre, j'ai eu peur pendant un mois et demi", témoigne l'enseignante. Elle reprend le dessus quelques jours mais : "A la rentrée de la Toussaint, un élève (...) m'a lancé: 'J'ai envie de vous, tout de suite, sur la table'. Un autre: 'T'inquiète, je te la prête après"', raconte la prof qui assure que son rapport adressé à la conseillère principale d'éducation n'a débouché à sa connaissance sur aucune sanction.
"C'est l'omerta"
Le 5 décembre, une étape est franchie. Karen Montet-Toutain assure avoir reçu des menaces de mort. "T'inquiète ! On trouvera ton adresse et on te mettra une balle dans la tête". "Très ébranlée", elle a rédigé un nouveau rapport à la conseillère d'éducation. "Ce soir là, la proviseure ne m'a pas reçue", assure-t-elle. Ces comportements sont souvent évoqués entre profs. "Ca devenait banal, quotidien (...) Certains se mettaient en arrêt de travail". Déçue par la réaction de sa hiérarchie directe, elle "écrit un email à (s)on inspectrice, persuadée que (s)es rapports ne lui étaient pas transmis." "Rien, c'est l'omerta", regrette-t-elle.
Karen Montet-Toutain explique enfin comment, à la veille de son agression, elle a pu rencontrer la mère de son agresseur, exclu du lycée une semaine. "Elle ignorait tout de son exclusion de huit jours. Elle bouillonnait et l'a vraisemblablement sermonné ce soir là", avance-t-elle. Le jour de l'agression, Kevani Wansale a "un regard de tueur" et provoque une altercation. "Il s'est levé et s'est approché. Je me suis avancé, car c'était un devoir de montrer mon autorité. Il m'a poignardé." "Je n'en veux pas à mon agresseur qui montrait des signes d'inadaptation à notre établissement. J'en veux à l'institution", assure l'enseignante qui devrait être reçue par le ministre de l'Education prochainement. Son avocat, Me Koffi Senah, adressera dans les prochains jours au procureur d'Evry une plainte contre X.