[b][u]De Villepin tenté par l'extension du CNE à tous les jeunes[/u]
A trois jours de l'annonce d'un plan de lutte contre le chômage des jeunes, lundi 16 janvier, le premier ministre n'a toujours pas tranché. Les plus libéraux de ses ministres préconisent d'élargir le contrat nouvelles embauches ou CNE (un contrat à durée indéterminée avec une période d'essai de deux ans réservé aux entreprises employant jusqu'à vingt salariés) à toutes les entreprises pour les jeunes de moins de 26 ans.[/b]
Les ministres du "pôle social" lui suggèrent plutôt d'annoncer un nouveau "contrat chapeau" pour tous les jeunes, sur le modèle du Civis pour les jeunes en difficulté. Ce "contrat" assurerait la prise en charge et l'accompagnement individualisé des jeunes actifs entre les périodes d'emploi ou de formation. Il pourrait prévoir une rémunération forfaitaire (environ 300 euros par mois) lorsque le titulaire ne perçoit aucune rémunération au titre d'un emploi, d'une formation ou d'une allocation.
D'un côté, laisser faire le marché et parier sur plus d'emplois en échange de plus de flexibilité. De l'autre, confier à l'Etat le suivi individualisé des jeunes à l'entrée sur le marché du travail ? "Quand un tuyau est percé, ce n'est pas un problème idéologique de savoir ce qu'il faut faire, le réparer ou le changer, il faut pouvoir arroser le jardin", a-t-il expliqué jeudi 12 janvier lors d'un déplacement dans le Val-de-Marne. Le "tuyau percé" pour M. de Villepin, c'est un taux de chômage des jeunes de 20 % et une période moyenne de 8 à 11 ans après les études pour décrocher un CDI. Pour tenter de changer la donne, M. de Villepin dit qu'il lui faudra "beaucoup de courage pour prendre des décisions difficiles qui ne seront pas toujours bien acceptées".
Plusieurs de ses ministres, Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher en tête, l'ont mis en garde : les précédentes initiatives se sont souvent traduites par un fiasco politique, à commencer par le contrat d'insertion professionnelle (CIP) du gouvernement Balladur en 1994, rebaptisé "smic jeunes" par les manifestants, et abandonné par la droite.
[i]Christophe Jakubyszyn
Article paru dans l'édition du 14.01.06 du Journal Le Monde[/i]