[b][u]La rivalité Villepin/Sarkozy sur le dossier de la délinquance[/u]
[/b]Dominique de Villepin a installé vendredi le Comité interministériel de prévention de la délinquance en affichant clairement sa volonté de garder la haute main sur ce dossier et ne pas en laisser le pilotage au seul ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy. Alors que les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy laissaient entendre que ce Comité entérinerait les dispositions législatives relatives à la prévention de la délinquance, concoctées depuis plusieurs mois place Beauvau, le Premier ministre, lui-même ancien ministre de l'Intérieur, a montré qu'il entendait maîtriser le calendrier et l'articulation de ces mesures. Ainsi a-t-il assigné au Comité, qui associe pas moins de neuf ministres, le soin d'en "poursuivre la préparation".
Surtout, il a omis, dans le communiqué publié après la réunion, toute référence au plan Sarkozy de prévention de la délinquance et annoncé que ces dispositions pourraient être débattues à l'occasion de "plusieurs textes de loi" et ce, "au cours des prochaines sessions". M. de Villepin a en outre chargé le comité interministériel, qui se réunira de nouveau "avant trois mois", de proposer "avant l'été" des mesures "à effet rapide -textes réglementaires, instructions aux services, réforme d'organisation-" qui permettront de donner "des résultats immédiatement dans les domaines de la vie courante des Français", urbanisme, éducation et transports publics notamment.
Une façon de découper le plan de prévention alors que son numéro deux rêvait d'une grande loi globale. Nicolas Sarkozy, qui avait présenté jeudi, avec 24 heures d'avance, les grandes lignes de son plan lors d'un déplacement au Havre, souhaitait en outre aller au plus vite. Dans son entourage, on soulignait jeudi que les textes étaient "quasiment prêts" pour un passage au Parlement d'ici à la "fin février", o chaque ministre serait venu défendre les articles le concernant. On ajoutait toutefois que "rien n'est définitif", que "tout peut être encore corrigé", afin de ne pas heurter les "susceptibilités".
Ces dissonances semblent marquer un nouvel épisode de la course de vitesse à laquelle se livrent les deux rivaux potentiels pour la présidentielle de 2007 sur la plupart des sujets. La semaine dernière, le numéro deux du gouvernement, qui avait remis dès décembre sa copie au Premier ministre, avait pourtant assuré que M. de Villepin était d'accord pour légiférer sur son projet. "On s'est mis d'accord, Dominique de Villepin et moi, sur ce comité", confiait-il jeudi.
Vendredi, à l'issue de la réunion interministérielle à Matignon, il a répété que "ce comité est la première étape" de l'action "tous azimuts" en faveur de la prévention de la délinquance. "D'autres viendront. On est vraiment décidés à agir et à agir dès cette année", a-t-il affirmé. Le plan qu'il a élaboré -pré-projet de 131 articles, selon Le Monde- touche à des domaines aussi divers que la justice, l'éducation, les services sociaux, la ville et les transports.
Il prévoit par exemple le développement de la vidéosurveillance, notamment dans les parties communes d'immeubles, une "réforme profonde" de l'ordonnance de 1945 sur la responsabilité pénale des mineurs, un renforcement du contrôle de l'assiduité scolaire ou encore d'accorder un rôle central au maire dans la prévention de la délinquance.
Source LCI