[b]HLM de Paris: les seuls patrons du bâtiment à la barre.[/b]
[size=18][b]Début d'un procès-fleuve où aucun responsable du RPR n'est poursuivi.[/b][/size]
Par Renaud LECADRE
lundi 23 janvier 2006
Ce matin, s'ouvre, pour une durée de trois mois, une vaste pantalonnade judiciaire : le procès des HLM de Paris entre 1989 et 1994, la dernière des grandes affaires politico-financières. Une cinquantaine de patrons du bâtiment (petits et gros, tous corps de métiers confondus) et d'intermédiaires vont défiler à la barre pour trafic d'influence sur des marchés publics et fausses factures. Pas un seul politique n'est poursuivi, alors que des protagonistes admettent que la pompe à fric visait au financement du RPR, à une époque où Jacques Chirac cumulait la présidence du parti et la mairie de Paris. L'accusation conclut comme à regret : «L'instruction n'est pas parvenue à établir formellement l'implication personnelle des responsables au sein de l'appareil politique du RPR.» Seuls les anciens dirigeants de l'office HLM (Opac) sont poursuivis, comme s'ils avaient lancé de leur propre chef une fraude institutionnalisée.
L'absent Méry. Un être va beaucoup manquer au tribunal : Jean-Claude Méry, collecteur de fonds, décédé en juin 1999. Un personnage célèbre pour sa cassette vidéo posthume où il détaillait son rôle occulte, jusqu'à raconter la remise d'une valise de billets à l'Hôtel de Ville, sous les yeux de Jacques Chirac. Selon l'ordonnance de renvoi en correctionnelle du juge d'instruction Armand Riberolles, il ne fait aucun doute que Méry, membre du comité central du RPR en charge de l'immobilier, «avait reçu mission d'assurer le financement des activités politiques de ce parti en collectant des fonds, notamment auprès des entreprises fournisseuses de l'Opac». Méry monnayait ses interventions sous forme de fausses factures (38,7 millions de francs), dont l'accusation relève la «vacuité» des intitulés. En retour, il informait les entreprises sur les marchés en cours grâce à ses entrées au sein de l'Opac. Parfois, Méry obtenait de l'office HLM que la désignation officielle d'un lauréat soit suspendue, le temps qu'il lui fasse cracher le prix de son influence. D'autres entreprises l'ont rémunéré directement sur un compte en Suisse : Fargo, 10 millions de francs en cinq ans, dont les deux tiers ont été retirés en liquide. Les «enveloppes» redistribués par Méry ont longtemps retenu l'attention des enquêteurs, sa secrétaire donnant même le nom de quelques célébrités politiques. Mais, là encore, rien n'a pu être prouvé. Il faudra se contenter des éléments d'ambiance, avec le témoignage du banquier suisse de Méry, pour qui son compte avait été «ouvert pour faire du financement politique», ou cette affirmation du juge d'instruction, à propos d'un agent de l'Opac qui «n'ignorait pas que le produit des fausses facturations était, en fin de compte, destiné à alimenter de façon occulte les caisses du RPR».
Avec Méry, on plonge dans le petit milieu des intermédiaires, souvent francs-maçons, partageant agapes et parties de chasse. Sa méthode pour grenouiller en coulisse : «A force de chasser, manger et boire»... A défaut de partager les mêmes «affinités philosophiques», le paiement d'un voyage au Kenya suffit à se mettre un décideur dans sa poche. Cela ne marche pas à tous les coups, un patron d'entreprises se disant «indisposé par les gros cirages et les bretelles» de Méry. Au-delà du folklore, l'accusation évoque des «pratiques graves de corruption». C'est surtout le cas du marché des ascenseurs, le «marché du siècle» : 2,2 milliards de francs sur quinze ans pour l'entretien de plus de 3 000 cabines. Lauréat : les éternels larrons de la Lyonnaise et de la Générale des eaux, unis pour l'occasion. Un autre candidat en apparence mieux disant, «écarté de la compétition dans des conditions difficilement justiciables» selon l'accusation, dit s'être «fait vanner par les marchands d'eau» qui ont eu recours aux services de Méry. Autre candidat, Otis, refusant de traiter avec le sulfureux personnage, obtiendra un lot de consolation en rémunérant un autre intermédiaire.
Filières. On croyait avoir tout vu en matière de marchés truqués et de fausses factures. «Si on fonctionne de façon normale, on n'a pas de marché public», résume un prévenu. Dans l'affaire des HLM, on découvre quand même un intermédiaire planteur de bananes et d'ananas en Côte-d'Ivoire, un débitant de tabac basé à Monaco, une société de gardiennage fantôme en Seine-Saint-Denis... Les mêmes filières servent parfois à décrocher un lot du tunnel sous la Manche ou du parc Eurodisney. Un dirigeant de la Générale des eaux le dit sans ambages : «Je paie un service non vérifiable dont l'objectif est d'avoir un marché.»
Au final, Georges Pérol, directeur général de l'Opac et maire (RPR) de Meymac en Corrèze, fief électoral de Jacques Chirac, se retrouve seul avec le costume taillé par l'accusation de «clé de voûte du système de corruption destiné à assurer le financement occulte du parti politique dans lequel il était engagé». Pérol nie farouchement : «Les chefs d'entreprise n'étaient pas assez bêtes pour penser qu'on pouvait m'acheter.» Mais si... Pourtant, là encore, la récolte est maigre : des bénéficiaires de marchés publics dans la capitale ont largement financé (plus de 5 millions de francs) ses bonnes oeuvres corréziennes, comme le musée d'Art contemporain de Meymac ou l'association Essor du Limousin. Après le départ de Pérol de l'Opac, le musée de Meymac constatera à regret un «effritement» des dons. Sans pour autant y voir malice.
Source Journal Libération
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Une simple question suffit-il de changer de sigle politique pour connaître l'impunité judiciaire ?
Car il est des politiques actuels, qui émargent à l'UMPS qui ont certainement des "casseroles au cul", sans parler de sa Sénélité Africaine Usurpatrice Elyséenne, n'est-ce pas ?
C'est un sujet qui à cours sur mon forum, qu'avez vous à dire Messieurs du RPR/UMPS.
Votre serviteur.