[b][u]Caricatures de Mahomet: la colère gagne Beyrouth[/u]
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https://2img.net/r/ihimizer/img410/8407/genimageaspx8vw.jpg[/img]BEYROUTH (Reuters) - Le monde arabo-musulman a manifesté ce week-end, de manière parfois violente, son indignation dans l'affaire des caricatures de Mahomet publiées dans la presse danoise, puis reprises par solidarité dans plusieurs journaux occidentaux, essentiellement européens.[/b]
Dimanche, une foule en colère a incendié le consulat du Danemark à Beyrouth. Les ambassades danoise et norvégienne avaient subi le même sort la veille à Damas.
En Syrie, les autorités ont renforcé la sécurité dimanche autour des chancelleries occidentales, les manifestants de la veille ayant également endommagé l'ambassade de Suède et tenté de prendre d'assaut la mission diplomatique française, défendue par un cordon de policiers anti-émeutes.
Le Danemark est dans l'oeil du cyclone depuis la publication en septembre, dans l'un de ses quotidiens à gros tirage, de 12 dessins représentant le prophète des musulmans. Les caricatures ont depuis été reprises dans les presses bulgare, française, allemande, italienne, jordanienne, espagnole, suisse, hongroise, néo-zélandaise, norvégienne et polonaise.
"Le gouvernement danois exhorte tous les dirigeants, politiques et religieux, dans tous les pays concernés, à appeler leurs populations à conserver leur calme et à s'abstenir de toute violence", a déclaré le ministre danois des Affaires étrangères, Per Stig Moeller.
Ses services ont invité instamment les Danois à quitter ou à éviter le Liban, où la police a fait usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau pour disperser une foule d'environ 20.000 personnes qui marchaient sur le consulat du Danemark, dont le personnel avait été évacué la veille.
Un manifestant, prisonnier des flammes, s'est tué en se jetant du troisième étage du consulat, a annoncé à Reuters un responsable des services de sécurité. Trois véhicules de pompiers qui tentaient d'éteindre les flammes ont été attaqués. Les forces de l'ordre ont procédé à 174 arrestations. Il s'agit de 76 Syriens, 38 Libanais, 35 Palestiniens et 25 bédouins apatrides, a précisé un agent.
"La violence, en particulier l'incendie des représentations danoises à l'étranger, est absolument scandaleuse", a déclaré Jack Straw, chef de la diplomatie Britannique. "L'immense majorité des fidèles musulmans du Royaume Uni et d'ailleurs ont exercé leur droit de manifester contre ces dessins de façon totalement pacifique", a-t-il souligné.
L'OCI CONDAMNE LES VIOLENCES
La France a quant à elle renforcé le niveau d'alerte de ses ambassades en Syrie et au Liban et réitéré ses consignes de prudence auprès de ses ressortissants.
Le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, a lancé un appel au calme en faisant valoir que ces violences risquaient de ternir l'image de l'islam dans le monde.
"Cela n'a rien à voir du tout avec l'islam", a-t-il dit sur la chaîne de télévision privée Future. "La déstabilisation de la sécurité et le vandalisme donnent une mauvaise image de l'islam. On ne peut pas défendre ainsi le prophète Mahomet."
En Irak où des activistes ont juré de s'attaquer au contingent danois, le ministère des Transports a décidé de geler tous les contrats passés avec le Danemark et la Norvège.
L'Iran a décidé de revoir ses relations commerciales avec les pays dont la presse a publié les caricatures incriminées et a rappelé son ambassadeur à Copenhague.
Mais des organisations musulmanes modérées sont sorties de leur silence pour souligner le risque de voir des extrémistes "prendre en otage" cette affaire.
Au Liban, la principale autorité religieuse de l'islam sunnite, Mohamed Rachid Kabani, a estimé qu'il fallait faire preuve de prudence en la matière. "Cela a valeur de test pour nous. Que la manifestation de notre condamnation soit conforme aux valeurs de l'islam", a-t-il dit.
L'Organisation de la conférence islamique, qui regroupe 57 pays musulmans, a condamné l'action des islamistes qui brûlent les locaux diplomatiques de pays dont la presse a reproduit des caricatures de Mahomet.
"Les réactions excessives allant au-delà des actes démocratiques pacifiques sont dangereuses et portent atteinte aux efforts visant à défendre la cause légitime du monde musulman", a fait savoir l'OCI, dont le siège est à Djeddah.
Le Pakistan a convoqué les diplomates de plusieurs pays européens pour protester contre ces dessins jugés "blasphématoires".
L'Union européenne a estimé qu'elle n'avait pas à présenter d'excuses. "Non, ce n'est pas à l'Europe ou au Premier ministre danois de le faire. Nous n'avons pas le pouvoir de faire des excuses au nom de la presse. Ce serait violer le principe même de la liberté de la presse", a déclaré au quotidien italien La Repubblica le commissaire européen à la Justice, Franco Frattini.
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