[b][u]Dominique de Villepin livre sereinement la bataille du CPE[/u]
PARIS (Reuters) - A quinze mois de la présidentielle, Dominique de Villepin livre sereinement la bataille du CPE, la majorité resserrant les rangs, tandis que la gauche et les syndicats peinent à mobiliser les jeunes.[/b]
La première journée de mobilisation organisée mardi dernier, à l'occasion de l'ouverture du débat sur le contrat première embauche à l'Assemblée nationale, a été en demi-teinte.
Mardi prochain, alors que le débat se poursuit au Palais-Bourbon, partis de gauche, syndicats et organisations lycéennes et étudiantes seront à nouveau dans la rue pour demander le retrait du CPE, un CDI destiné aux moins de 26 ans et assorti d'une période d'essai de deux ans.
Le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, a laissé affleurer ses doutes sur la réussite du mouvement anti-CPE, bien qu'il soit toujours difficile de faire des pronostics sur une mobilisation des jeunes.
Mais il a donné rendez-vous à Dominique de Villepin aux élections présidentielle et législatives de 2007. "Soyons réalistes, le texte va passer", a-t-il dit. "Le travail d'explication que nous engageons trouvera son dénouement non dans la rue mais dans les urnes, en 2007".
Affichant sa "détermination" et sa "sérénité", le Premier ministre a fait feu de tout bois ces derniers jours, multipliant les exercices pédagogiques et médiatiques.
Dominique de Villepin se refuse à analyser la bataille du CPE comme un "débat entre la droite et la gauche".
Pour lui, il s'agit plutôt d'un combat entre les "modernes", qu'il dit représenter, et les partisans de l'immobilisme.
Pris à partie vendredi à Troyes par une jeune militante socialiste, Dominique de Villepin s'est fait prophétique : "Vous doutez aujourd'hui, vous serez convaincus demain".
Jeudi soir, après avoir participé à un "chat" vidéo sur internet, en direct de Matignon, il s'était déjà dit "persuadé qu'il y a de plus en plus de gens qui comprennent" sa démarche "pragmatique", loin de toute "idéologie".
Dans la guerre de conquête de l'opinion qu'il a lancée depuis son arrivée à Matignon, fin mai, le CPE est une étape cruciale pour Dominique de Villepin.
LEÇON DE SOLIDARITÉ DE SARKOZY
Devenu un présidentiable crédible à droite, adoubé comme "dauphin" de Jacques Chirac, le Premier ministre sait qu'il sera jugé par les Français sur ses résultats face au chômage.
Le nombre des demandeurs d'emploi est en recul depuis neuf mois mais gauche et syndicats contestent les chiffres du gouvernement et évoquent une baisse mécanique due aux radiations des listes de l'ANPE et aux départs à la retraite.
L'opposition dénonce aussi la "surenchère libérale" entre le Premier ministre et le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, candidat déjà en campagne pour 2007.
Elle voit dans la création du contrat première embauche, venant après le lancement du contrat nouvelles embauches dans les très petites entreprises en août, la poursuite du démantèlement du Code du travail et agite le spectre d'un contrat unique qui ferait de la flexibilité la règle.
La création d'un tel contrat est une revendication de longue date du patronat et l'une des propositions de Nicolas Sarkozy.
Le ministre de l'Intérieur, jusqu'ici seul avocat d'une "rupture" en 2007, voit désormais le Premier ministre, avocat du modèle social français mais aussi adepte d'un pragmatisme aux couleurs libérales, chasser sur ses terres.
Devant le salon des entrepreneurs, Dominique de Villepin a ainsi lancé mercredi un appel au changement. "Notre pays doit impérativement se moderniser. Dans un monde qui change très rapidement, il faut aller vite, être réactif, il faut s'adapter, il faut innover", a-t-il souligné.
Un sondage TNS-Sofres publié samedi dans Le Figaro-Magazine semble pourtant relativiser l'impact de cette inflexion sémantique du chef du gouvernement. Sa cote de confiance recule de cinq points en un mois pour s'établir à 38%. Mais le recul est enregistré parmi les sympathisants de la droite.
Nicolas Sarkozy a apporté un soutien appuyé au CPE.
Le ministre de l'Intérieur ne s'est pas privé de donner une petite leçon de solidarité gouvernementale au clan chiraquien, rappelant la bataille perdue par le gouvernement d'Edouard Balladur au sujet du contrat d'insertion professionnelle (CIP), le "smic-jeunes", en 1994.
"Une partie de la majorité de l'époque avait comme préoccupation de voir M. Balladur descendre du piédestal où les sondages l'avaient mis", a rappelé Nicolas Sarkozy. "Je pourrais jouer le même jeu, je ne le veux pas. Je ne m'allierai pas à une partie de la gauche".
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