[b]Max Gallo : "Pourquoi je prie"
« La France a besoin de retrouver ses racines chrétiennes ! » Qui l’affirme ? Max Gallo, ardent défenseur des valeurs républicaines et laïques. Il s’attaque, via une trilogie romanesque, à l’histoire des premiers chrétiens. L’occasion pour lui de confesser sa foi en Dieu.
Propos recueillis par Laurent Grzybowski pour La Vie
26/09/2002
Pourrait-on qualifier l’expérience que vous décrivez dans votre prologue de « conversion » ?
Max Gallo : Le mot me paraît beaucoup trop fort. Je me suis toujours défini comme catholique même si je ne suis pas pratiquant. J’ai été baptisé dans une famille d’origine italienne qui était laïquement catholique. Cette rencontre avec un événement inattendu, à l’église Saint-Sulpice, m’a brusquement obligé à réfléchir sur la place de la religion, et particulièrement du christianisme, dans nos sociétés occidentales. C’est ce qui m’a décidé à écrire cette nouvelle grande fresque historique autour des trois personnages qui ont définitivement marqué l’histoire de notre pays : Martin de Tours, Clovis et Bernard de Clairvaux.
Il y a tout de même ce cri du cœur : « je suis croyant ! ». Aviez-vous déjà eu l’occasion de dire à quelqu’un « je suis croyant » ?
MG : Il m’est arrivé de le dire, mais jamais de manière aussi précise, aussi affichée. Peut-être parce que quelque chose s’est déclenché en moi qui m’a incité à le manifester. Peut-être aussi parce que les questions religieuses, liées aux évènements internationaux du 11 septembre, et l’attitude d’une religion comme l’islam, me conduisent aujourd’hui à affirmer ma propre appartenance avec plus de force. Non pas pour afficher je ne sais quelle supériorité mais pour exprimer une identité autrement que par un creux ou par une absence.
Mais la laïcité républicaine que vous défendez si chèrement ne peut-elle tenir lieu d’identité ?
MG : Cela n’est pas contradictoire. Laïc et républicain, je suis également catholique. Ce serait une imbécillité que de vouloir opposer ces deux appartenances. Ceux qui refusent de vibrer au souvenir de Reims et ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ne comprendront jamais l’histoire de France. Mon travail d’écrivain, depuis quelques années, consiste précisément à essayer de donner une image la plus complète possible de la diversité de notre histoire nationale. Les chrétiens s’inscrivent dans le droit-fil d’une biographie de Napoléon, de De Gaulle ou de Victor Hugo. Tout cela tourne en fait autour d’une interrogation sur les fondations de notre collectivité nationale et de l’identité française très précisément.
Cette prise de conscience a-t-elle changé quelque chose dans votre existence ?
Curieusement, j’ai redécouvert le sens de la prière, celle que je pratiquais durant mon enfance. Elle est pour moi un moment d’apaisement personnel. On a tous des tensions dans une journée, le soir, le matin et le fait de prier m’apaise. Plus profondément, face à tous les fanatismes et à toutes les tentations sectaires, il me paraît nécessaire de prendre le temps de nous arrêter pour nous poser quelques questions fondamentales, spirituelles, qui touchent au sens de la vie. A cet égard, le christianisme est une religion qui, me semble-t-il, essaie d’éviter les fermetures tout en prenant en compte la demande de spiritualité très forte de nos contemporains. Cette religion s’appuie sur une conviction très forte et très novatrice : il y a du divin et du sacré dans chaque homme. Cette conviction est aussi la mienne.
Les chrétiens I, Le manteau du soldat, Ed. Fayard, 370 pages, 20€.
Les deux tomes suivants de la série, Le baptême du roi (Clovis) et La croisade des moines (Bernard de Clairvaux), sortiront en librairie mi-octobre et début novembre
Source : La Vie, n° 2977, 19 - 25 septembre 2003[/b]