[b][u]L'économie attend encore le soutien du commerce extérieur[/u]
PARIS (Reuters) - La production industrielle française a rebondi en janvier grâce à l'automobile mais le soutien du commerce extérieur n'était pas encore au rendez-vous.
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Or le gouvernement fonde le maintien de ses prévisions de croissance du PIB pour 2006 et 2007 dans une fourchette de 2% à 2,5% sur une contribution du commerce extérieur beaucoup moins négative qu'en 2005, selon les éléments qu'il a fournis jeudi au groupe de travail de la Commission économique de la nation (voir tableaux en cliquant sur).
Selon des données CVS-CJO publiées vendredi par l'Insee, la production industrielle française a progressé de 0,3% en janvier après une baisse de 0,2% en décembre.
Quant à la production manufacturière (hors énergie et agroalimentaire), elle a enregistré une hausse de 0,7% en janvier après une chute de 0,6% en décembre.
Les économistes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à une hausse de 0,5% de la production industrielle.
L'industrie automobile a progressé de 4,8% en janvier, après une chute de 4,5% en décembre.
"Au total, c'est quand même relativement satisfaisant grâce à l'automobile mais on est sur des glissements annuels presque nuls. Ça témoigne d'une industrie qui est assez faible", a déclaré à Reuters Philippe Brossard, d'Euler Hermes.
De façon générale, estime-t-il, "on n'est pas certain d'être vraiment sorti de l'ornière".
Nicolas Bouzou, de l'institut Xerfi, juge également les chiffres de la production industrielle "à peine rassurants" : "En tendance, l'industrie française ne progresse toujours quasiment pas", écrit-il dans un communiqué
Quant à Nicolas Claquin (HSBC FRANCE), il estime que, "pour l'instant, la reprise des exportations ne se voit pas dans les chiffres de la production industrielle".
Selon des chiffres également publiés vendredi, les exportations françaises ont continué à croître pour atteindre 31,765 milliards d'euros en janvier.
"Merci Airbus", souligne Nicolas Bouzou, tandis qu'Alexandre Bourgeois, de Natexis Banques Populaires, juge les exportations françaises toujours pénalisées par "une mauvaise spécialisation tant sectorielle que géographique" et une "implication des PME encore trop marginale".
LE FACTEUR COMMERCE EXTERIEUR
Comme, en outre, la bonne tenue de la consommation des ménages profite majoritairement aux importations, "le déficit commercial (français) devrait une nouvelle fois avoisiner les 20 milliards d'euros cette année", ajoute-t-il.
C'est là une des raisons de la différence enregistrée jeudi par la Commission économique de la nation entre le consensus des conjoncturistes et les prévisions du gouvernement en matière de croissance du PIB français en 2006 et 2007.
Le ministère de l'Economie mise sur une demande mondiale adressée à la France plus vigoureuse, notamment de l'Allemagne, et des effets retardés de la dépréciation de l'euro en 2005.
Cela s'ajouterait, selon Bercy, à une demande intérieure renforcée par une diminution du chômage, avec une croissance de l'emploi salarié marchand de 0,6% en moyenne en 2006 et de 0,8% en 2007, proche du consensus des prévisionnistes (0,6% et 0,7%).
"Toutes ses prévisions sont calées sur le milieu de la fourchette, 2,25%" de croissance du PIB, souligne Philippe Brossard. "Là où Bercy tranche le plus avec les prévisionnistes du panel, c'est qu'il a des exportations beaucoup plus fortes et des importations relativement plus modestes, donc une contribution négative du commerce extérieur très faible."
Le gouvernement mise ainsi sur une contribution négative du commerce extérieur à la croissance de 0,1 point de PIB en 2006 comme en 2007, au lieu d'un point l'an dernier.
Pour les prévisionnistes, qui tablent en moyenne sur une croissance du PIB français de 1,9% en 2006 et de 2% en 2007, cette contribution négative du commerce extérieur serait de 0,4 point de PIB en 2006 et de 0,3 point en 2007.
Le gouvernement maintient également sa prévision de déficits publics ramenés à 2,9% du PIB en 2006 et à 2,6% en 2007, alors que les économistes tablent en moyenne sur des déficits publics à 3,1% cette année et 2,9% l'an prochain.
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