Jaurès est à l'écart de la vie politique nationale quand, en 1892, éclate la grande grève des mines de Carmaux. Le maire élu, Jean Baptiste Calvignac, syndicaliste et socialiste, ouvrier mineur, est licencié par le marquis de Solages pour s'être absenté à plusieurs reprises afin de remplir ses obligations d'élu municipal. Les ouvriers se mettent en grève pour défendre ce maire dont ils sont fiers. La République envoie l'armée, 1500 soldats, au nom de la « liberté du travail ». La République semble prendre le parti du patronat monarchiste contre les grévistes. En France, on est en plein scandale de Panama. Jaurès ne supporte plus cette République qui semble montrer son vrai visage, de députés et ministres capitalistes pour qui la finance et l'industrie priment sur le respect des personnes : Carmaux et la mine seront le tremplin politique qu'il cherchait. Il fait l'apprentissage de la lutte des classes et du socialisme. Arrivé intellectuel bourgeois, républicain social, il sort de la grève de Carmaux acquis au socialisme.
Sous la pression de la grève et de Jaurès, le gouvernement arbitre le différent Solages-Calvignac au profit de Calvignac. Solages démissionne de son siège de député. Jaurès est tout naturellement désigné par les ouvriers du bassin pour les représenter à la Chambre : désormais, c'est un col blanc, et non plus le mineur Calvignac, qui est leur leader. Il est élu malgré les votes ruraux de la circonscription qui ne veulent pas des « partageux ». Jaurès va alors se lancer dans l'incessante et résolue défense des ouvriers en lutte. À Albi il est à l'origine de la fameuse Verrerie ouvrière. Dans le Languedoc viticole il ira visiter les « vignerons libres de Maraussan » qui créent la première cave coopérative.
Au début de l'affaire Dreyfus, Jaurès ne prend pas clairement position. Il va même jusqu'à condamner dans un premier temps la sentence de déportation, jugée trop clémente (un simple sous-officier aurait été purement et simplement condamné à mort). Cependant, à la suite de la pression populaire, et aussi grâce à l'engouement de la jeune promotion normalienne, Jaurès et les socialistes se mettent à défendre Alfred Dreyfus sans ambages.
Il s'oppose alors aux marxistes orthodoxes, dont le meneur, Jules Guesde, pour qui Dreyfus est un officier bourgeois et donc sa défense ne serait pas prioritaire. Pour Jaurès, l'accablement de malheurs et d'injustices dont Dreyfus est victime gomme les différences de classe. Dreyfus n'est plus un privilégié ou un exploiteur : il est un homme qui souffre injustement. Jaurès fonde le journal L'Humanité en 1904. En 1905, sous pression de l’Internationale, il participe à la fondation de la SFIO, unifiant les différentes sensibilités socialistes de France. Même s'il reconnaît les luttes de classes, pour Jaurès, l'humanité ne fait qu'une et l'homme de gauche doit s'impliquer dans la République pour une révolution démocratique et non violente.
Claude Allègre, dans son Dictionnaire amoureux de la science, indique que le bon Jaurès, un peu naïf, et on pourrait ajouter marqué par son temps, a assisté assidûment aux banquets dits républicains des positivistes (« secte »).
Ses prises de position en faveur du pacifisme, peu avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, le rendent très impopulaire parmi les nationalistes et il est assassiné au Café du Croissant, rue Montmartre à Paris, trois jours avant le déclenchement des hostilités. Cet assassinat atteint d'ailleurs son but, car il facilite le ralliement de la gauche, y compris beaucoup de socialistes qui hésitaient, à l'« Union sacrée ».
* Voir aussi : L'Union sacrée et les socialistes
À l'issue de la « Grande Guerre » et en réaction au massacre qu'elle occasionna, un grand nombre de communes françaises nomment des rues et des places en son honneur, en rappelant qu'il fut le plus fervent opposant à un tel conflit. Une station du métro parisien porte aussi son nom.
Son meurtrier, Raoul Villain, après 56 mois de détention préventive, est acquitté le 29 mars 1919.
Source : [url=http://fr.wikipedia.org/wiki/Jaures]Wikipedia, l'encyclopédie Libre[/url]