[b][u]Le moral des industriels français reste fragile[/u]
PARIS (Reuters) - Le moral des industriels français reste fragile mais le mouvement de protestation anti-CPE ne l'a pas entamé et les chefs d'entreprise jugent la conjoncture industrielle toujours bien orientée.[/b]
L'indicateur synthétique du climat des affaires s'est légèrement replié à 105 au mois de mars après 106 (révisé en hausse d'un point) en février, où il avait atteint son plus haut niveau depuis octobre 2004, selon l'anquête mensuelle dans l'industrie publiée lundi par l'Insee.
"Selon les chefs d'entreprise interrogés, la conjoncture industrielle demeure globalement bien orientée", souligne l'Institut national de la statistique et des études économiques.
Les économistes interrogés par Reuters tablaient sur un indicateur synthétique à 105 en mars.
Il s'agit de la première baisse de l'indicateur synthétique depuis son rebond amorcé à la fin de l'été.
"Les mouvements sociaux ont forcément pesé sur le moral des industriels mais les bonnes nouvelles sur la consommation et les perspectives de croissance 2006 ont été des facteurs de soutien", selon David Naudé, économiste à la Deutsche Bank.
Le Medef avait estimé vendredi que les événements liés à la crise du CPE, particulièrement les violences survenues en marge des manifestations, mettaient "en danger" l'économie française.
Plusieurs économistes soulignent toutefois que le repli du moral des industriels s'explique moins par le mouvement anti-CPE que la baisse des carnets de commandes.
"Les carnets de commandes se tassent" tout en restant à un niveau relativement étoffés, note l'Insee qui ajoute que la demande étrangère plafonne" à un niveau toutefois assez élevé.
"Les carnets de commandes ont peu à voir avec les manifestations", relève Emmanuel Ferry, économiste chez BNP Paribas.
"Les performances de l'industrie française sont en deçà de celle de la demande industrielle mondiale. La demande mondiale est au plus haut mais la France continue de sous-performer", ajoute-t-il.
"Les chiffres du moral des industriels soulignent la fragilité des perspectives industrielles en France", renchérit Laure Maillard, économiste chez IXIS CIB.
Dans sa note de conjoncture de printemps publiée la semaine dernière, l'Insee s'était inquiété des capacités de l'industrie française à tirer parti d'un environnement international porteur.
Aussi l'Insee prévoyait-il un rebond de la production industrielle de 0,9% au premier trimestre après la contre-performance des trois derniers mois de 2005 (-0,5%). Mais, la progression ne devrait plus être que de 0,5% au deuxième trimestre.
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