Si vous voulez vous bidonner un peu, en pensant à autre chose qu'au CPE :
[quote][b]Nuit arrosée au château du PDG de Total[/b]
LE MONDE | 31.03.06 | 13h59 • Mis à jour le 31.03.06 | 16h15
Neuf prévenus comparaissaient, jeudi 30 mars, devant le tribunal correctionnel d'Auxerre, pour avoir, les 11 et 12 décembre 2001, occupé une résidence secondaire de Thierry Desmarest, PDG de Total, à Montigny-la-Resle (Yonne).
Ces militants bretons et toulousains entendaient protester contre l'attitude du groupe pétrolier et de son patron après la marée noire de l'Erika, en décembre 1999, et l'explosion de l'usine AZF, en septembre 2001. Ils étaient jugés pour "violation de domicile", "vol aggravé" et "dégradations graves". Thierry Desmarest, qui avait été cité comme témoin par la défense, a estimé dans un courrier que sa présence était "inutile à la manifestation de la vérité".
Et la vérité s'est en effet manifestée sans peine. Les prévenus ont reconnu être entrés, " par la porte", dans le château, où ne se trouvait alors qu'un gardien. Ils ont admis avoir badigeonné "ERIKA" et "AZF"sur les murs, avec du pétrole rapporté des côtes bretonnes. "On nous a bien tagué 450 kilomètres de littoral", a justifié Alain Malardé, porte-parole de la Confédération maritime.
Les activistes ont démonté volets et vitres du château afin "de reproduire la situation que vivaient les victimes toulousaines", selon Claire Poinas, membre du collectif Plus jamais ça. "La nuit, nous n'avons pas eu chaud : le thermomètre est descendu à - 4 degrés", a ajouté Jo Le Guen, responsable de l'association Keep it Blue.
Les débats, menés avec placidité par le président François Arnaud, ont surtout porté sur le " vol aggravé", à savoir la consommation de douze bouteilles de crus bordelais pris dans la cave.
Le président : "Vous avez bu du vin ?" Jo Le Guen : "Parfaitement exact." Alain Malardé : "Mais les gendarmes ont bu le coup avec nous." Robert Prigent, un autre prévenu breton : "Ce sont même eux qui en ont bu le plus !" Le président : "A qui appartenaient ces bouteilles ?" Me Emmanuel Riglaire, avocat de la défense : "Il n'y avait pas de facture, peut-être que c'était à la société Elf."
Le président : "Comment s'est effectuée la préhension des bouteilles ?" Alain Malardé : "Une dans chaque main, monsieur le président." Le même : "On s'est aussi servi dans le frigo." Le président : "Je ne suis pas saisi de ce point." Alain Malardé : "C'est pourtant important, pas de vin sans fromage." Jo Le Guen : "On a plié les tapis en arrivant." Alain Malardé : "Et on a fait la vaisselle avant de partir." Le président : "Vous avez aussi remonté les volets ?" Alain Malardé : "Non, mais ils ne l'avaient pas fait non plus à Toulouse."
Le débat a bientôt pris un tour plus sérieux. Les prévenus ont plaidé "le geste militant" et "l'acte syndical". "J'assume mes responsabilité quoi qu'il m'en coûte, ce qui n'est pas le cas de Total", a assuré Claire Poinas, évoquant les morts et les blessés estropiés à vie de Toulouse.
A l'exception d'Alain Malardé, multirécidiviste de ce genre d'actions, les buveurs de vin n'avaient pas de casier. Estimant qu'il existait un "préjudice minime" et admettant un "motif syndical", le procureur de la République, François Perrin, a requis que les délits soient requalifiés en contraventions et soient ainsi couverts par l'amnistie. Pour la défense, Me Emmanuel Ludot a plaidé la relaxe et assuré qu'il n'y avait pas eu vol mais grivèlerie, "puisque les bouteilles n'ont pas quitté le château".
Auparavant, la partie civile, par la voix de Me Bruno Quentin, avait affirmé "ne pas être insensible aux drames humains que ces personnes ont vécus". Elle a cependant estimé les faits "inacceptables" et réclamé en dommages et intérêts un euro symbolique. "A ce prix- là, ça ne devait pas être du grand vin", a estimé Alain Leclerc, avocat de la défense. Jugement le 4 mai.
Benoît Hopquin (Auxerre, envoyé spécial)[/quote]
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