Les nouveaux maîtres de Mogadiscio affirment que les troupes éthiopiennes sont entrées en Somalie.
ACCUSÉE PAR les nouveaux maîtres de Mogadiscio de masser des troupes à sa frontière avec la Somalie, l'Éthiopie a démenti toute intention de s'impliquer dans le conflit somalien. Addis-Abeba, toutefois, ne masque pas ses importantes réserves envers les islamistes somaliens et leur avancée : «Les fondamentalistes devraient réfléchir à deux fois avant de tenter quoi que ce soit à l'égard de leur voisin», a averti un officiel. Depuis plusieurs jours, les islamistes somaliens progressent à partir de la ville de Jowhar (90 km au nord de Mogadiscio) vers la frontière éthiopienne.
Après s'être déclaré «très inquiet» et avoir appelé la communauté internationale à agir «très vite» pour envoyer une force de paix internationale en Somalie, Addis-Abeba a finalement reconnu avoir déployé des troupes le long de ses frontières. «Afin d'éviter tout débordement», a précisé Sahle-Work Zewde, la directrice Afrique du ministère éthiopien des Affaires étrangères.
Dans le même temps, la position officielle de l'Éthiopie a été réaffirmée par un proche du premier ministre, Meles Zenawi : «L'Éthiopie, qui n'était pas partie prenante du conflit entre les chefs de guerre et les fondamentalistes, reconnaît le gouvernement fédéral de transition somalien et rien d'autre.»
Le chef des tribunaux islamiques de Mogadiscio, Cheikh Shariff Cheikh Ahmed, a accusé samedi les troupes éthiopiennes d'être entrées en Somalie. «L'Éthio pie a massé des troupes à sa frontière avec la Somalie, a-t-il déclaré. Nous recevons des informations affirmant que ces troupes sont entrées en Somalie.»
Gouvernement intérimaire
Démenties par Addis-Abeba, ces informations l'ont également été par le gouvernement intérimaire somalien, installé à Baidoa, disposant de peu d'influence et lié à son voisin. Le président intérimaire, Abdullahi Youssouf, a été élu en 2004 au Kenya grâce au soutien très appuyé d'Addis-Abeba. Il est déjà arrivé que des troupes éthiopiennes franchissent la frontière afin de soutenir le gouvernement mis sur pied en 2004. Ce que récusent aujourd'hui les autorités intérimaires somaliennes. Selon elles, les accusations des islamistes ne seraient qu'un prétexte visant à justifier une prochaine attaque sur Baidoa, leur capitale.
A plusieurs reprises, les miliciens des tribunaux islamiques ont assuré ne pas avoir l'intention de poursuivre leur expansion. Mais des dissensions seraient apparues en leur sein. Les plus hauts responsables des tribunaux étaient réunis, hier matin, à Jowhar, pour tenter d'élaborer une ligne commune entre modérés, prêts à discuter avec le gouvernement intérimaire, et les durs, partisans d'un assaut sur Baidoa.
Signe de l'échec de la coalition soutenue par Washington, deux chefs de guerre ont été embarqués samedi sur un navire militaire américain. Il s'agit de Musa Sudi Yalahwo et Bashir Raghe Shirar. Un troisième chef de guerre, membre de la coalition, a préféré rejoindre les milices des tribunaux islamiques.
Le Figaro
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qui osera encore prétendre que le fpndamentalisme musulman est sans danger pour les autres pays ?