[b][u]2006, l'année capitale de Dominique de Villepin[/u]
PARIS (Reuters) - Dominique de Villepin entame dans une relative position de force l'année 2006 qu'il veut "utile" avant la bataille présidentielle de 2007.[/b]
L'équation du Premier ministre, qui présentera ses voeux à la presse mardi, avant de réunir mercredi la conférence nationale des finances publiques, est simple: devenu en six mois un présidentiable crédible à droite, et se dressant de ce fait sur la route de Nicolas Sarkozy, il doit réussir à convaincre les Français qu'il a jugulé la crise de l'emploi pour pouvoir se lancer dans la course à l'Elysée.
La paix armée conclue entre le président de l'UMP et le chef du gouvernement, qui ont fixé à janvier 2007 la désignation du candidat "soutenu" par le parti pour la présidentielle, a permis à Dominique de Villepin d'assurer que la droite serait "tranquille" en 2006.
L'ancien secrétaire général de l'Elysée, qui a servi dans l'état-major électoral chiraquien en 1995 et 2002, rappelle inlassablement son credo: ce n'est que "quelques mois, quelques semaines" avant la présidentielle que la situation se décante.
S'affirmant tout entier à sa "mission" à Matignon, Dominique de Villepin évite au passage de froisser Jacques Chirac, qui a rappelé lors de ses voeux au gouvernement puis à la presse qu'il entendait bien rester aux commandes durant la dernière année pleine de son quinquennat.
Le chef de l'Etat a appelé les prétendants à sa succession à la patience : "L'expression des ambitions, qui sont parfaitement légitimes en démocratie, doit venir à son heure".
Reprenant l'adjectif "utile" accolé par Dominique de Villepin à l'année qui s'ouvre, il a estimé que 2006 serait "capitale" et a prôné une accélération de l'action gouvernementale pour permettre à la France d'éviter que le débat de 2007 "ne soit dominé par les extrémismes et les populismes".
"Je ne pense pas que le chef de l'Etat critique le numéro deux de son propre gouvernement !" a répliqué Nicolas Sarkozy.
LE CLAN CHIRAQUIEN SE RESSERRE
"Il y a des échéances qui auront lieu dans seize mois. Il ne faut pas se précipiter mais il faut aussi ne pas être naïf, le débat doit prospérer dans une démocratie", a souligné le ministre de l'Intérieur, qui présentera ses voeux à la presse jeudi prochain.
Les fidèles du président de l'UMP ont voulu minimiser la portée des attaques de Jacques Chirac contre leur champion.
Pour les sarkozystes, qui tentent d'enfoncer un coin entre le chef de l'Etat et le Premier ministre, l'avertissement sur les ambitions vaut aussi pour Dominique de Villepin.
"Le problème de Dominique Villepin, ce n'est pas Nicolas Sarkozy mais Jacques Chirac", a lancé l'ancien ministre Patrick Devedjian. "L'un dessert l'autre : plus Dominique de Villepin est populaire, monte en puissance, devient présidentiable, moins Jacques Chirac a d'autorité", a-t-il affirmé.
Le dernier baromètre TNS-Sofres pour Le Figaro confirme le découplage des cotes d'opinion au sein du couple exécutif.
Pour l'institut de sondages, Dominique de Villepin (43% de bonnes opinions) est loin de jouer le rôle de "fusible" du chef de l'Etat (21% de bonnes opinions). Il agit et gouverne tel un locataire de l'Elysée et relaie Jacques Chirac en allié dans la guerre de position contre Nicolas Sarkozy.
L'éditorialiste Alain Duhamel estime que le tandem Chirac-Villepin continue de bien fonctionner, "à ceci près que les intérêts seront moins convergents dans la suite". "Plus Villepin se présidentialise, plus Jacques Chirac risque de se déprésidentialiser et plus on approche des échéances et plus Villepin aura intérêt à se différencier".
Soucieux de maintenir le fil de la confiance avec Jacques Chirac, Dominique de Villepin a commencé son année en affirmant sa "grande fierté" de ressentir une "fidélité personnelle" à l'égard du chef de l'Etat.
A l'orée de 2006, le clan chiraquien s'est resserré.
De passage à Paris fin décembre, l'ancien Premier ministre Alain Juppé, qui vit au Québec le temps de l'année scolaire, a rendu visite à Jacques Chirac et Dominique de Villepin.
Le "fils préféré" de Jacques Chirac a balayé les rumeurs de brouille avec son ancien directeur de cabinet au Quai d'Orsay.
"Dominique de Villepin et moi, nous sommes liés par des relations anciennes et très amicales", a expliqué Alain Juppé, avant de souligner qu'il avait parlé de "l'avenir" avec celui qui apparaît aujourd'hui comme la meilleure épée chiraquienne face à l'armée sarkozyste.
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