[b][u]Une pandémie de grippe ferait jusqu'à 200.000 morts en France[/u]
PARIS (Reuters) - Si une pandémie de grippe frappe la France sans qu'elle y soit préparée, de neuf à 21 millions de personnes seront contaminées et de 91000 à 212000 mourront, estime l'Institut de veille sanitaire.
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La publication mardi de cette étude comparative sur l'impact épidémiologique d'une pandémie grippale intervient après un rapport en juin 2005 de l'InVs sur la grippe aviaire.
"Le modèle montre que l'impact d'une pandémie pourrait être potentiellement important", écrit l'institut dans son rapport effectué à la demande de la direction générale de la Santé (DGS). Il présente plusieurs scénarios.
Ceux-ci doivent permettre à la France d'éprouver l'efficacité de ses stratégies de prévention et de se préparer notamment à une pandémie de grippe aviaire.
Apparue fin 2003 en Asie, la grippe aviaire, qui se transmet de la volaille à l'homme mais pas entre humains, est sous haute surveillance.
Les experts n'excluent pas que le virus H5N1 s'adapte à l'homme si ces gènes se mélangent à ceux d'une souche de grippe ordinaire. La transmission d'humain à humain pourrait conduire à la mort de millions de personnes à travers le monde.
L'institut estime "peu vraisemblable" qu'un vaccin spécifique de la souche pandémique soit disponible au moment de la pandémie. Or, la vaccination serait "la plus efficace" contre une pandémie, car elle permettrait d'éviter jusqu'à près de trois quart des décès en France, souligne l'InVs.
STOCKS ANTIVIRAUX
"La France a fait beaucoup d'efforts pour se préparer et on peut dire qu'en terme de stocks antiviraux, elle dispose des quantités pour traiter tous les cas de contamination", a dit à Reuters Daniel Levy-Bruhl, épidémiologiste à l'InVs.
Elle dispose d'un stock de près de 14 millions de traitements antiviraux, soit 140 millions de doses de Tamiflu et de Relenza, susceptibles de lutter contre une pandémie grippale.
Les autorités prévoient de le porter en 2007 à 33 millions de traitements (330 millions de doses).
L'InVs estime que 131,6 millions de doses à titre préventif suffisant pour une période de dix semaines, mais préconise d'accroître la réserve des professionnels de santé.
Pour l'institut, 3,65 millions de personnes devront être protégées en priorité : les professionnels de santé, de sécurité, de secours, certaines catégories des services publics, des transports, des communications et des secteurs industriels.
Sans intervention médicale et avec une pandémie touchant de 15% à 35% de la population, il y aurait entre 91.000 et 212.500 décès, entre 8,9 millions et 20,9 millions de cas de contamination et entre 455.500 et 1,1 million de personnes hospitalisées, estime l'InVs.
Si la France est médicalement préparée et que l'attaque touche 25% de la population, entre 2.000 et 86.000 de vies pourraient être épargnées.
Cette étude repose sur une population française estimée à 59,6 millions de personnes au 1er janvier 2003.
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