[b][u]Attentats de 95 : des suspects torturés par la police ?[/u]
Source LCI:
Un livre rapporte que la torture était pratiquée par les policiers antiterroristes à l'encontre de suspects islamistes après les attentats attribués au GIA à Paris en 1995. Une enquête administrative est en cours. Le directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur se dit "stupéfait". [/b]
Les allégations sont graves. Elles surviennent plus de dix ans après les faits et risquent d'embarrasser le ministère de l'Intérieur. Dans leur livre "Place Beauvau", trois journalistes du Point rapportent les accusations de cinq policiers de la 6e division de police judiciaire, devenue Division nationale antiterroriste (DNAT), selon lesquels la torture était pratiquée à l'encontre de suspects islamistes après les attentats revendiqués par le Groupe islamique armé algérien en 1995. Les attaques avaient fait dix morts et environ 200 blessés entre juillet et novembre à Paris.
Selon ces policiers, qui disent avoir été acteurs ou témoins des faits, des islamistes auraient été torturés à l'électricité avec une arme d'autodéfense achetée dans le commerce, d'autres auraient été frappés ou privés d'eau et de nourriture pendant des jours. Une partie de ces faits se seraient déroulés le 11 septembre 1995 dans les locaux de la police judiciaire de Lyon. La victime aurait été exhibée par les policiers avec un sac en plastique sur la tête, les mains entravées. Il est aussi question d'un imam qui aurait été suspendu par les pieds dans le vide à une fenêtre, le 3 novembre 1995 dans les locaux de la DNAT à Paris.
"Tous démentent"
Jeudi, Claude Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy et directeur général de la police nationale à l'époque, a indiqué qu'une enquête administrative avait été ouverte à l'Inspection générale de la police nationale. Samedi, il s'est dit "stupéfait", tout en précisant qu'il ne pouvait en l'état démentir les accusations. Selon lui, une quinzaine de fonctionnaires en service à l'époque ont déjà été entendus et "tous démentent et clament leur indignation". "Jamais depuis dix ans, aucune rumeur n'est parvenue à mes oreilles ni à ceux de responsables sur de tels agissements, mais nous avons le devoir d'en avoir le coeur net", a-t-il expliqué.
Quant à l'achat par la DNAT d'armes électrifiées, Claude Guéant a affirmé qu'"il n'a jamais été question d'utiliser des méthodes de ce genre". Interrogé aussi sur des photos de garde à vue montrées au procès de Boualem Bensaïd, où ce dernier avait le visage tuméfié, il a répondu : "son interpellation a été difficile, il s'est débattu et la force a été utilisée. L'interpellation est une chose, la garde à vue une autre".