[b]Transferts : renversement de tendance entre le FN et le MPF[/b]
En évoquant le cas de Pierre Audier dans le Gard, [b]vice-président du MPF qui vient d'abandonner son mandat au sein du mouvement de Philippe De Villiers pour passer au FN[/b], Le Point s'interroge sur la valeur symbolique de ce transfert alors que [b]depuis plusieurs semaines la montée de Jean Marie Le Pen dans les sondages semble irrésistible[/b], au point de pousser les instituts d'enquête à minorer sa poussée dans l'opinion pour ne pas lui donner plus d'ampleur encore, en ne centrant plus leurs enquêtes que sur le "duel Royal-Sarkozy".
Le Daily Telegraph ne disait rien d'autre en substance, tandis [b]qu'un récent sondage pointait le leader du Front National à 22% d'opinions favorables[/b], soit son plus haut niveau jamais acquis, y compris par rapport à l'avant 21 avril où il n'avait pas dépassé les 16%... loin de cette montée en puissance, [b]la campagne de Philippe de Villiers semble au contraire, elle, marquer le pas et ne parvient pas à décoller dans l'opinion.[/b] Au delà du manque de charisme évident du leader du MPF, [b]c'est aussi sa stratégie qui semble aujourd'hui mise en doute, y compris au sein de sa base militante.[/b]
Le fait est que sur le terrain le jeu se brouille. Dans le Gard comme dans ailleurs c'est d'ailleurs encore de [b]ces accords passés au niveau régional entre le MPF et l'UMP qui a mis le feu aux poudres[/b], accord également conduit dans d'autres départements un peu partout en France avec les mêmes effets, [b]à savoir un retournement de tendance dans les transferts entre FN et MPF[/b].
En effet si depuis plusieurs mois, notamment après le ralliement spectaculaire à la candidature présidentielle de Philippe de Villiers du seul maire FN de France, celui d'Orange dans le Vaucluse, Jacques Bompard, à grand renfort de publicité médiatique, le "solde migratoire" était largement favorable au MPF, [b]ces dernières semaines la tendance s'inverse plus discrètement mais tout aussi nettement[/b]. Entre les ex-militants FN qui peinent à trouver leur place au MPF, ceux qui s'inquiètent du piétinement de Philippe De Villiers dans les sondages et surtout le tissage [b]d'une série d'accords locaux et départementaux qui suscitent l'ire de nombre de militants de base du MPF, à commencer par celui constitué entre Guillaume Peltier et l'UMP à Tours, et qui prend des allures d'inflexion nationale, le cas de Pierre Audier est loin d'être isolé. [/b]
[b]Au FN d'ailleurs, on ne cache pas ces derniers temps sa satisfaction de voir revenir au bercail certains "égarés",[/b] tandis qu'au MPF la grogne monte. [b]Nombreux ainsi sont ceux qui s'offusquent de la généralisation des accords locaux ou départementaux avec l'UMP, y voyant des manœuvres d'appareil menées dans le dos d'une base militant qui aspire plutôt à la "rupture"[/b] autant avec le parti chiraquien qu'avec Nicolas Sarkozy, guère apprécié ici bas. Y voyant un autre effet de la main mise de Guillaume Peltier, beaucoup n'hésitent plus d'ailleurs à critiquer âprement le jeune lieutenant de Philippe De Villiers, lui faisant porter la responsabilité d'une forme "d'aveuglement" face à la réalité de l'emprise électorale du MPF sur l'opinion. En dépit d'une exposition médiatique intense, [b]Philippe de Villiers ne parvient pas à décoller dans les sondages, restant nettement même en dessous des 5 points, en vérité plus proche des 3 à 4%[/b] d'intentions de vote pour la présidentielle de 2007.
[b]Calquant sa communication sur celle du FN, Philippe De Villiers n'aura jamais su s'en distinguer[/b] suffisamment pour s'en démarquer électoralement et espérer, en fait, le dépasser. Pire même, [b]la campagne du MPF aurait même plutôt renforcer le FN en le sortant de son isolement et en popularisant plusieurs de ses thématiques[/b], contribuant à dédiaboliser ainsi le discours lepéniste en lui donnant les atours d'une certaine respectabilité. En effet si Phillipe de Villiers a su identifier avec une certaine acuité et pertinence le risque d'une islamisation rampante de l'Europe, en revanche en ne parvenant pas à se défaire des amalgames et des discours globalisant, et pour tout dire xénophobes, sur l'immigration - comme si elle était "une" et "hostile" -, il n'aura jamais su se poser en force de rassemblement ouverte, républicaine et laïque face au totalitarisme musulman... mais honnêtement le pouvait-il ?
En restant par ailleurs enfermé dans des conceptions politiques obsolètes, depuis ses positions économiques anti-libérales en passant par ses rigidités conservatrices sur certaines questions de société et même jusqu'au [b]ridicule en reprenant le discours de José Bové sur les OGM[/b], Philippe De Villiers n'est pas parvenu à convaincre de sa crédibilité et de sa capacité à se tourner vers l'avenir. Apparaissant plus comme une version nostalgique "soft" papy-boomer du lepénisme, le MPF n'a enfin jamais eu de prise sur une jeunesse qu'elle ne comprend pas, [b]contrairement au FN ou à l'UMP sur ce point, qui ont su trouver leur espace chez les jeunes.[/b] Les rigidités de structure du vieux MPF rejetant les quelques jeunes s'y aventurant...
[b]Pierre Audier, accueillit en grandes pompes par Marine Le Pen qui s'était déplacée pour l'occasion à Nîmes cette semaine[/b], sera-t-il le symbole d'une réelle inversion de tendance dans les transferts entre le FN et le MPF et à terme le tournant qui aura [b]dégagé la route du FN vers un nouveau 21 avril ?[/b] L'avenir le dira, mais il est indéniable que si d'un côté la confiance n'a jamais été aussi forte, de l'autre entre la grogne et le piétinement, le doute s'est installé.