[b][u]Jacques Chirac met fin mercredi à l'état d'urgence[/u]
PARIS (Reuters) - Près de deux mois après son entrée en vigueur, au coeur de la crise des banlieues, l'état d'urgence sera levé mercredi en France.[/b]
Le président Jacques Chirac, qui a reçu lundi matin le Premier ministre Dominique de Villepin "pour faire un point général de situation", a "décidé de mettre fin à l'état d'urgence à compter du 4 janvier 2006", a fait savoir l'Elysée.
"Cette décision est inscrite à l'ordre du jour du conseil des ministres du 3 janvier", conseil de rentrée après la trêve de Noël, ont précisé les services de la présidence de la République.
Décrété le 8 novembre et prolongé de trois mois le 18 novembre par une loi votée au Parlement, l'état d'urgence peut être levé par décret en conseil des ministres, dès lors, dit la loi, que les conditions ne sont "plus réunies ou justifiées".
Le 7 novembre, Dominique de Villepin avait annoncé sa décision d'autoriser les préfets à recourir au couvre-feu dans les quartiers sensibles touchés par les violences urbaines.
Il avait justifié par "le contexte particulièrement grave" sa décision d'exhumer la loi du 3 avril 1955 adoptée au début des troubles indépendantistes en Algérie et utilisée une seule fois depuis, hors métropole, en Nouvelle-Calédonie en 1984.
"C'est une étape importante, une décision importante que nous prenons et qui marque à la fois la gravité des choses mais en même temps notre esprit de responsabilité pour assurer la protection de tous", avait-il dit.
Le gouvernement était alors impuissant à ramener le calme dans les banlieues en ébullition depuis la mort de deux adolescents dans un transformateur électrique le 27 octobre à Clichy-sous-bois (Seine-Saint-Denis).
PEU DE COUVRE-FEUX
Les violences urbaines ont cessé à la mi-novembre.
Seules quelques dispositions marginales du texte étaient encore en vigueur dans une poignée de départements. Elles restreignaient notamment les ventes au détail de carburant.
Les principales mesures rendues possibles par l'état d'urgence - couvre-feu, perquisitions sans cadre judiciaire et de nuit, contrôle de la presse et limitations des réunions - ont été peu ou pas du tout utilisées.
Dominique de Villepin n'avait pas caché qu'il souhaitait maintenir la France sous le régime de l'état d'urgence pendant les fêtes de fin d'année, pour prévenir toute nouvelle flambée de violence dans les quartiers sensibles.
Le réveillon du Nouvel an a été marqué le week-end dernier par 425 incendies de véhicules mais le regain de violences que les autorités redoutaient ne s'est pas produit.
L'opposition socialiste a toutefois estimé que ces incidents reflétaient "un échec du gouvernement" en matière de sécurité.
Le recours à l'état d'urgence avait suscité de très vives protestations de la part de plusieurs associations et partis politiques (Verts, PCF, FSU, Ligue des droits de l'homme, notamment).
Le premier secrétaire du PS, François Hollande, avait affirmé sa volonté de "vigilance" sur l'application des couvre-feux, une mesure qui ne pouvait être à ses yeux "qu'exceptionnelle, limitée dans le temps et dans l'espace".
Début décembre, un collectif de 74 professeurs et chercheurs avaient saisi, en vain, le Conseil d'Etat pour obtenir la suspension de ce régime d'exception.
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