[b][u]La France mobilisée face au risque de pandémie de grippe aviaire[/u]
PARIS (Reuters) - La menace de la grippe aviaire s'étendant en Europe, la France organisera en mars un exercice de simulation grandeur nature dans le cadre de son plan de lutte contre une éventuelle pandémie.[/b]
Le gouvernement a par ailleurs décidé de renforcer les mesures de prévention instituées en octobre 2005: le confinement des élevages de volailles en plein air, en vigueur dans 26 départements, est désormais étendu à 58 départements.
Le confinement vise à éviter tout contact entre les volailles et les oiseaux migrateurs, possibles vecteurs du virus H5N1. Les départements concernés sont ceux qui abritent des zones humides - fleuves, marais, estuaires - où les oiseaux migrateurs aiment à nicher.
Un exercice grandeur nature à l'échelle régionale, semblable à celui qui s'était déroulé dans le Finistère en novembre, aura lieu par ailleurs en février. Le site et les modalités de cette simulation restent à déterminer.
"Nous souhaitons en permanence adapter nos dispositifs et c'est pour cela que j'ai décidé que nous tiendrons au mois de février prochain un exercice grandeur nature à l'échelle régionale", a précisé Dominique de Villepin à l'issue d'une réunion interministérielle sur la grippe aviaire à Matignon.
"Nous tiendrons au mois de mars un exercice national qui s'effectuera là aussi publiquement, en totale transparence, pour que chacun puisse vérifier, dans le cadre de cet essai, qu'il sait bien ce qu'il a à faire. Nous souhaitons que chacun soit prêt à faire face à toutes les éventualités", a souligné le Premier ministre.
Tout en insistant sur leur mobilisation, les autorités françaises se veulent rassurantes.
"Pour l'instant, plus de 1.500 contrôles sanitaires ont été pratiqués sur des oiseaux, sur des élevages, depuis le début des mesures: nous n'avons détecté en France aucun cas", a précisé le ministre de l'Agriculture, Dominique Bussereau.
BERTRAND: PAS DE MUTATION INTERHUMAINE
"Si la menace se rapprochait, on pourrait aller à des mesures de confinement plus importantes sur l'ensemble du territoire national", a-t-il ajouté.
"Ce qui s'est passé en Turquie ne nous semble pas venir de déplacements d'oiseaux migrateurs mais est plutôt lié à des mouvements commerciaux, d'où la nécessité de surveiller très précisément les frontières", a dit Dominique Bussereau.
Le risque d'une mutation interhumaine du H5N1, virus apparu en 1996, et de l'apparition d'une pandémie grippale n'est pas écarté par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les trois décès survenus en Turquie ont avivé les craintes d'une extension de l'épizootie à l'Europe de l'Ouest. Il s'agit du premier pays, hors Asie orientale, à recenser des cas mortels de la maladie chez l'homme. Le H5N1 a tué pour l'heure 80 personnes, principalement en Asie du Sud-Est.
La souche découverte en Turquie n'est pas la résultante d'une mutation interhumaine, comme l'a indiqué un laboratoire londonien, a affirmé Xavier Bertrand, ministre de la Santé.
"Aujourd'hui - l'Organisation mondiale de la santé nous l'a confirmé - nous sommes dans le cadre d'un virus qui est passé de l'oiseau à l'homme et rien de plus", a-t-il dit.
Xavier Bertrand réunira prochainement les professionnels de la santé "pour préciser les tâches et les responsabilités de chacun", a précisé Dominique de Villepin.
Les praticiens libéraux et hospitaliers ont dénoncé un manque de coordination avec le gouvernement dans le cadre du plan de lutte contre la grippe aviaire.
"Depuis le mois de novembre, tous les représentants sans exception, les médicaux comme les paramédicaux, les libéraux comme les hospitaliers, ont été reçus au ministère de la Santé pour qu'on leur explique à la fois la philosophie du plan et les modalités", a souligné le ministre de la Santé.
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