[b][u]Les syndicats de fonctionnaires unis face au gouvernement[/u]
PARIS (Reuters) - Le gouvernement Villepin n'est pas parvenu à briser le front syndical constitué par les fédérations de fonctionnaires, qui ont confirmé l'organisation d'une journée d'action unitaire le 2 février.[/b]
Trois des sept fédérations (CFDT, Unsa et CFTC), qui avaient accepté jeudi de négocier avec le ministre de la Fonction publique, Christian Jacob, ont toutes jugé "inacceptable" l'intransigeance salariale du gouvernement.
Elles ont aussi exprimé leur amertume. C'était la première fois depuis 2002 que de véritables négociations se déroulaient entre des syndicats de fonctionnaires et leur ministre de tutelle dans le cadre des discussions salariales annuelles.
Le syndicalisme de négociation sort ainsi affaibli de l'épisode. Il prête le flanc aux critiques des radicaux, pour lesquels l'attitude du gouvernement et du patronat depuis trois ans ne donne aux syndicats que des reculs à négocier.
"Le gouvernement a fait preuve d'un cynisme extraordinaire en proposant une prime au mérite syndical", a déclaré à Reuters Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, qui a claqué la porte au bout d'une heure jeudi, avec la CGT, FO et la CGC.
"C'est la première fois que je vois un ministre dire ouvertement qu'il accordera une récompense en échange d'une certaine attitude syndicale", a-t-il déploré.
Après avoir imposé son ordre du jour et discuté une dizaine d'heures de mesures "statutaires et sociales" qui ont suscité des réactions mitigées, Christian Jacob s'en est tenu à la revalorisation salariale de 0,5% en juillet 2006 déjà prévue.
Apparemment sans marge de manoeuvre, le ministre a proposé aux trois fédérations une nouvelle hausse de 0,5% au 1er février 2007 à la seule condition qu'elles acceptent les autres mesures.
Toutes les fédérations avaient réclamé une augmentation des traitements d'au moins 1,8% en 2006, pour compenser l'inflation.
PASSER EN FORCE
Le gouvernement a par ailleurs raté une occasion de ramener l'Unsa dans le giron réformiste. L'organisation a été la première à annoncer vendredi qu'elle refusait de signer et à confirmer son appel à la mobilisation le 2 février.
La CFDT a aussi réaffirmé son maintien dans le front syndical pour le 2 février, jugeant le volet salarial "totalement insuffisant". Elle s'est donné jusqu'à lundi pour "expertiser" les autres dispositions.
La CFTC réserve sa position jusqu'au 24 janvier, jour où des dispositions spécifiques à la fonction publique hospitalière doivent être examinées. Mais "dans l'état actuel des choses, on participera à la journée du 2 février", a dit à Reuters son secrétaire général, Yves Missaire.
La CGT, la FSU et FO, qui représentent 51% des fonctionnaires, avaient confirmé dès jeudi leur détermination à organiser l'action du 2 février, qui s'inscrit désormais dans le cadre plus large d'une semaine de mobilisation intersyndicale et étudiante contre le nouveau "contrat première embauche".
Quant à la CGC, elle a réaffirmé que "ce n'est pas le bon moment" mais qu'elle interpellerait les parlementaires et appellerait les fonctionnaires au service minimum le 2 février.
Au-delà de la Fonction publique, les syndicats tentent d'organiser une riposte contre le "contrat première embauche" et, plus globalement, la réforme annoncée du contrat de travail.
Elles doivent compter avec la détermination du Premier ministre, Dominique de Villepin, engagé dans une course de vitesse avec Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2007.
Dans les faits, le gouvernement peut espérer passer en force. La désunion syndicale qui a clos le mouvement social sur les retraites a laissé des traces. Les confédérations n'ont jamais pu reconstituer durablement le front syndical bâti en 2003.
Le président de la CFTC, Jacques Voisin, a déploré jeudi les hésitations syndicales qui accompagnent la crise entre la CFDT et la CGT. Il a regretté "qu'on ne se soit pas assez battu contre le contrat nouvelles embauches" qui a "fusillé le Code du travail".
"Nous aurions pu éviter les risques de sa deuxième version, le CPE", a-t-il dit.
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