Sarkozy continue son patient travail de criminalisation du syndicalisme
Ils n’auraient pas dû, les futurs chômeurs, outrepasser un tant soi peu la loi dans leur action syndicale... Car désormais, à l’instar de l’opération de répression du détournement du Pascal-Paoli [1], le ministre du Fascisme de l’Intérieur Nicolas Sarkozy a décidé de réprimer sauvagement tout débordement. D’abord c’est très bon pour l’image et l’ego, ensuite ça permet d’habituer la France à la répression du syndicalisme, aux images d’actions syndicales illégales...
C’est ce que les grévistes de la Compagnie française de fonte en coquille (CFFC) [2] de Rochefort (Charente-Maritime) ont pu réaliser ce week-end dans la nuit de vendredi à samedi [3].
Ca avait débuté le vendredi, par une incartade syndicale : voyant la venue de Didier F., le PDG de la maison-mère CF2M, sur le site rochefortais, pour régler une question financière annexe, les salariés grévistes de la CFFC prirent l’initiative l’après-midi de fermer les portes du site, pour empêcher le PDG de repartir sans n’avoir rencontré les salariés qu’il s’apprête à sacrifier en jouant avec ses "effets-levier" appris à l’école...
Juridiquement, le délit de séquestration était constitué. Humainement, l’opération est restée très courtoise et sans menace. Le directeur (local) du site a pu rentrer, lui, tandis que la meilleure cantine ouvrière du secteur mitonnait un bon plat chaud (lapin à la moutarde et ratatouille) au "séquestré".
Pour la préfecture de Charente-Maritime, l’opération était feutrée. Pour des "métallos", les hommes de CFFC restaient très mesurés. Les RG, sur le front, avaient déjà organisé la sortie de crise pour le samedi matin. A l’évidence, cette affaire attendrait quelques heures pour se dénouer sans heurts...
C’était sans compter que Nicolas Sarkozy, qui a repris en main les Renseignements Généraux à partir de 2002, a eu vent, en quasi temps réel, de cette info-susceptible-d’être médiatiquement-payante. Et a aussitôt senti bouillir en lui son désormais légendaire "esprit de rupture".
Ca n’a pas trainé. Vers 2 heures du matin, plus de 4 dizaines de policiers en tenue anti-émeutes, flash-ball, boucliers, béliers, chiens de combat, ont investi l’usine, bloquant les grévistes dans un réfectoire. En chargeant et en sectionnant les grilles, la force publique a extirpé illico le PDG de son sommeil, l’a recouvert d’un blouson et d’un casque moto, avant de l’exfiltrer promptement, via La Rochelle en sécurisé, puis vers Paris... "On aurait dit une charge du GIGN. Personne n’a eu le temps de réagir" dépeint un délégué syndical. L’opération a été imposée par la place Beauvau à la pauvre préfecture n° 17. On ne fait plus dans la conciliation désormais : quand un facho cherche à prendre le pouvoir, les syndicats n’ont qu’à bien se tenir. Ca se passe comme ça.